NOUS FERONS RÉVEILLON
Nous ferons réveillon, la coutume nous l’impose
La sagesse des aïeux nous offre ce cadeau
D’alléger un moment l’intenable fardeau
Qu’engendre le chaos d’un monde qui explose
Nous ferons réveillon, n’y voyez autre chose
Que le désir ardent de vivre sans guindeau
L’instant qui se présente quand s’ouvre le rideau
Ainsi nous oublierons ce qui nous rend moroses
Nous ferons réveillon, pour espérer encore
Que demain sera beau dans un nouveau décor
Lassés d’avoir pleuré il nous faut d’autres forces
Nous ferons réveillon, il faut sécher nos larmes
Retrouver l’aiguillon et que chacun s’efforce
De prendre le chemin de la Paix sans les armes
CANCRELATS
En cette fin d’année l’espoir est en lambeau
Chacun fermant les yeux voudra quelques instants
Se livrer à la fête et suspendre le temps
Le temps d’un réveillon le monde sera beau
A l’éphémère agape succédera Rimbaud
Et son dormeur du val, sa rivière au printemps
Dans ce trou de verdure s’imposeront pourtant
Deux trous rouges, côté droit, ouverts sur le tombeau
Il faudra bien du temps avant que notre terre
Connaisse le repos de la Paix salutaire
Beaucoup s’y emploieront, nous serons de ceux-là
La tristesse n’est pas l’occurrence requise
Ne laissons pas les grands tuer tout à leur guise
Faisons taire maintenant ces maudits cancrelats
LA BETE N'EST PAS MORTE
Usée d'avoir tué la tueuse se meurt
La méchante covid au visage de glace
Chancelante Harpie s'en va de guerre lasse
Occire quelques souris, chauves en leur demeure
On peut rêver de tout mais le danger demeure
La bête n'est pas morte et garde tout en place
Pour qu'un assaut soudain de nouveau nous enlace
Le temps n'est pas venu, fuyons les enfumeurs
Sans craintes excessives, mais conscient de l'enjeu
Sur le tapis poker la vie peut être en jeu
Juda en embrassant a délivré la mort
Contrôlons nos élans un sourire peut suffire
Nos amis nous sont chers quels seraient nos remords
Si le meilleur d'entre eux venait à en souffrir
Te souviens-tu ?
Te souviens-tu l'ami, de ces jours bienheureux
Le seul masque porté était de carnaval
Que la vie était belle, c'était un festival
Malgré nos petits maux, que nous étions heureux !
Nous voila hébétés, nourris d'un doute affreux
Revivrons-nous demain avant que l'on trépasse
Nos émotions d'antan, libérés et sans pass ?
Faudra-t-il vivre encore au pays des lépreux ?
Dès la question posée, la réponse s'impose
Les grandes pandémies, comme toutes les choses
finissent par mourir c'est bien là leur destin
Le Covid est mortel, il vit ses derniers jours
la science le tuera et par un beau matin
Nous reviendra le goût, en plus de nos amours
LES BÉNÉVOLES
Discrets mais efficaces, ils œuvrent sans compter
Ouvriers besogneux attachés à bien faire
Ils vivent leur passion sans attendre salaire
Ils gardent dans le cœur pudeur et volonté
S'ils peinent à la tâche mille fois affrontée
La sueur n'a pas de prix au compteur des affaires.
Oubliés des bilans, des calculs tarifaires
Ils se paient au plaisir du risque surmonté
C'est une race à part facile à reconnaître
Par pure discrétion plutôt que de paraître
Ils laisseront la gloire dorer d'autres poitrines
S'ils se voient reconnus, c'est le cas quelquefois
Ils mettront leur médaille au fond d'une vitrine
Très heureux et contents, bénévoles toutefois
L’AMITIÉ EST EN NOUS
Les amis sont bien loin, le virus nous en prive
A l'encontre des vœux émis en 2020
Il avance masqué, le chercher serait vain,
Il dégrade la vie, provoque la dérive
Combien s'en sont allés, jetés sur l'autre rive
Par ce fléau maudit qui crache son venin?
Mais l'espoir est bien là pour faire vivre demain
Il coule dans nos veines comme coule l'eau vive
Nous revivrons un jour les joies déjà connues
Sans oublier bien sûr ceux que l'on a perdus
Qu'ils reposent en paix , nos cœurs saignent encore.
Que la nouvelle année soit un nouveau départ
La tâche sera dure prenons en notre part
L'amitié est en nous, c'est le plus grand trésor
NOUS REVIVRONS ENSEMBLE
Parti sans au revoir, reste le souvenir
Son sourire présent dans notre vie passée
Demeure réconfort pour notre cœur blessé
Que serons-nous sans lui, quel sera l'avenir?
Nous étions bien ensemble, c'est banal de le dire
Durant les mauvais jours quelques fois traversés
Tout était oublié après s'être embrassés
L'amour emportait tout sans jamais se ternir
Esseulés maintenant, nous chercherons en vain
L'étoile de son regard, la douceur de sa main
Il sera là pourtant aujourd'hui comme hier
Fidèle en amitié, il nous attend ailleurs
Là où l'Eden promis, sujet de nos prières
Attend, pour vivre ensemble, dans un monde meilleur
L’AMITIÉ EN SOUTIEN
Parvenir au bonheur, être heureux simplement
L'humaine espérance se nourrit de ce rêve
Obsession naturelle son cours n'a pas de trêve
Mais l'horizon fuyant l'occulte lentement
Décembre est une aubaine, c'est le temps des serments
Chacun à sa manière, lorsque le mois s'achève
Rallume autour de lui l'espoir qui nous soulève
Et réchauffe les cœurs tel un feu de sarments
Ce ne sont que souhaits, que vœux revigorants
Mais ils nous disent bien que chacun est errant
S'il n'a autour de lui que de l'indifférence
Pour le nouveau départ qui nous vient en janvier
Armons notre navire de la cale aux huniers
L'amitié en soutien fera la différence
N'oublions rien d'hier
N'oublions rien d'hier demain sera plus beau
Dans la course du temps le passé est terroir
Il nourrit la pensée pour que vive l'espoir
Par les leçons tirées dont il nous fait cadeau
Nos souhaits seront vains si l'envol d'un corbeau
Suffit à nous plonger dans une impasse noire
En cette fin d'année, osons forcer l'histoire
L'avenir s'ouvre à nous servi sur un plateau
Je vous le rêve heureux tout parfumé de roses
Exempté de l'épine que la nature impose
A cette fleur si belle que c'en est une offense
Tous mes vœux sont à vous prenez à satiété
Je vous les offre tous, le choix est donc immense
J'en suggérerais deux : Bonheur et puis santé
L’UTOPIE VAINCRA
En cette fin d’année, nous vivons en suspens
Entre un monde perdu et la Paix espérée
Reviendra-t-elle un jour apaiser nos soirées ?
Gardons bien le moral, l’avenir en dépend
Noël et nouvel an se révèlent dopants.
Si l’enfance oubliée nous revient colorée
Des boules à facettes du sapin chamarré
Nous saurons surmonter l’alarmisme rampant.
Laissons-nous transporter par le flot de la fête
Tout décembre est à nous, il nous lave la tête
Nous reviendrons plus tard aux soucis du moment.
Il nous faut ce répit pour trouver l’équilibre
Qui nous délivrera du découragement
Car l’utopie vaincra et l’humain sera libre
SUR LES AILES DU VENT
Notre espoir et nos vœux sur les ailes du vent
D'alysée en tempêtes transportent l'amitié
Armés de nos souhaits en bons aérostiers
Dans l'inégal combat, ils s'épuisent souvent
L'issue de ce duel grandiose et émouvant
S'inscrit en catastrophe ou en gain pour moitié
Nous trouverons donc là pour en être amnistiés
Le pourquoi du comment au total décevant
Pour pallier au déchet qui frôle l'hécatombe
En voici des milliers arrachés à la tombe
Et soustraits de la liste des perdus en abysse
Prenez à satiété, joie, bonheur et santé
Réussite au travail, amour et liberté
En un mot comme en cent que tout vous réussisse
Le temps est à l'espoir
Le temps est à l'espoir voici le nouvel an
L'année qui se finit nous laisse des regrets
Pourtant nos vœux passés sincères et gentillets
Se voulaient les garants d'un grand nouvel élan
Faudrait-il pour autant demeurer bras ballants ?
Pleurer sur nos déboires, s'assommer de clairet
Et s'occire le corps , où serait l'intérêt ?
Mieux vaut garder le cap, poursuivre avec allant
Ce moment de partage regonfle nos envies
Forgeons-nous des projets qui changeront la vie
Ils seront notre but pour l'année à venir
L'espoir est constructif, il traduit l'optimisme
Les vœux et les souhaits, enfants du conformisme,
transcendent la coutume pour servir l'avenir
LE PASSE EST CONNU
Le passé est connu, l'espoir en avenir
Demain sera plus beau, c'est une certitude
Laissons aux jours enfuis toutes les turpitudes
Au fond des vieux tiroirs, lavons les souvenirs
Une année nous arrive, chantier en devenir
Prenons le bon chemin changeons nos habitudes
Les méthodes d'hier sont en désuétude
L'occasion est trop belle à nous de la saisir
Déchargés du passé, nous marcherons plus vite
Vers l'idéal serein ou l'utopie gravite
Plus rien n'arrêtera le flot de nos envies
Nous irons au plus loin rechercher la formule
Pour "booster" notre entrain à faire vivre la vie
Le vouloir et y croire voilà le préambule
A VENIR
Au détour d’un Amour, surgissant du néant
Il s’impose aux vivants en attendant de naître
Il est là parmi nous bien avant de paraître
Déjà nous le couvons près du berceau béant
Dans nos cœurs impatients nous le rêvons céans
Tissant de nos souhaits la trame de son être
Bien sûr il sera beau plaisant comme l’ancêtre
Nonobstant les défauts de ce grand mécréant
Il comblera le vide que nous n’avions point vu
Etre bien entre nous ne suffisait plus
Par chance le voilà cet être à découvrir
Authentique joyau que nous partagerons
Notre fils notre Frère cet amour à venir
Donnera beaucoup plus que nous lui donnerons
LE MIME FLON
J’ai vu naître Flon
Magique marionnette
Sans fil ni baguette
Chrysalide sous cocon
Housse de coton
Le placenta de finette
Sphère devinette
S’étire en contorsion
Sur fond harmonique
Complainte pharaonique
La chair s’imagine
L’ectoplasme de dessine
Puis quittant sa toile
L’existence se dévoile
ANTIQUITÉS - BROCANTE
Sur son cœur au fond de la salle des ventes
Il est écrit ces mots “Antiquités - Brocante”
A force d’avoir servi il s’est chargé
Des poussières ténues du temps passé
Indifférence, joies, étaient son quotidien
Il médite aujourd’hui sur ce que sera demain
Chargé du poids des ans et de mélancolie
Il trouve à peine la force d’accepter son ennui
Cesser de battre...Exhaler son dernier soupir
Se laisser glisser doucement et mourir
Et puis non...vivre...Vivre comme dans les livres
Accepter son moi...battre...lutter à en être ivre
S’envoyer en l’air...oser une fois faire la fête
Aimer,boire et manger c’est l’unique recette
Secouer la crasse qui cache les rondeurs
Qu’il y a dans le sein d’une vie de labeur
Manger goulûment...Bouffer toutes les épices
Surtout ne pas oublier que si l’eau se pisse
Le pinard à genoux se boit sur nos autels!..
A lui la belle vie...il laisse tomber ses attelles
Court, bondit, s’envole et vole enfin libéré
Vers la porte que la dame vient de pousser
Dieu qu’elle est belle, il osera aujourd’hui
Lui dire qu’elle était plus que ça cette nuit
La Dame est passée et lui a dit “Bonjour Monsieur”
Monsieur,..c’est personne...c’est le nom des gueux
De ceux que l’on trouve sous les ponts !
Il a souri... s’en est retourné tout au fond
La salle des ventes est ouverte de l’aube à minuit
Madame si vous revenez... pour vous c’est gratuit...
Automne
Les feuilles ne meurent pas elles vivent le futur
Dans l’humus vaginal de mère nature
L’ignoble spectacle de leur pourrissement
Dans sa désespérance est une ode au printemps
Le trépas où l’on va est simple transition
Ce que l’on a vécu et toutes nos questions
Occultent l’essentiel les jours se suivent à l’envi
Car tout n’est que maillon dans la chaîne de vie
Les brumes et les frimas qui nimbent nos matins
En cette fin d’été aux relents de déclin
Animent des linceuls qui cachent nos élans
Comme autant de creusets d’où naîtront nos enfants
Quand s’ocrent les sous-bois de chromes éblouissants
Le soleil empourpré crache des traits de sang
Sur nos vies en partance vers l’éternel retour
Demain nous renaîtrons des guérets de l’amour
CAMBRONNERIE
Si j’avais le talent d’un certain de Cambronne
J’ inventerais un mot qui renfermerait tout
Et vous l’assénerais en manière d’atout
Mais n’est pas Dieu qui veut que le ciel me pardonne
Je ne suis qu’un croquant, le lierre vous couronne
Vous régnez... j’obéis...du moins le croyez-vous
A vouloir être grand vous vous tordez le cou
Vous mourrez assez tôt la bêtise empoisonne
L’âne serait vexé si par comparaison
Un esprit dévoyé trouvait quelque raison
D’adjoindre votre nom au fruit de ses entrailles
Une rime en « erde » ne m’aurait pas déplu
Le désir est latent or la muse s’égaille
Je ne puis la saisir vous m’en voyez déçu
Ce n’est pas par paresse
Dans nos âmes où s’endort le souffle de la vie
Il n’y a que questions sans réponses certaines
Le doute a fait son nid et le sang dans nos veines
Ne véhicule plus ni passion ni envie
Qui prétend que l’aïeul apaisé et ravi
Ressent le fil des jours comme Ariane en aubaine
Sera le plus surpris tant sa démarche est vaine
L’énigme est toujours là sans cesse resservie
Reviendrons-nous ici pour d’autres épisodes
La mort est-elle un port le début d’un exode
Avons-nous tant donné pour que tout disparaisse
Harassés et fourbus nous laisserons à d’autres
La charge du fardeau qui nous fit bons apôtres
Si nous nous endormons ce n’est pas par paresse
CHEMIN DE RESURRECTION
La Vie dessine nos destins
A coups de sort à coups de coeur
A qui saura prendre le train
De ses joies et de ses peurs
Elle abandonnera le choix
De croire à d’autres lendemains
Eloignés des chemins de croix
vécus à deux main dans la main
Ou le tiendra en solitude
Dans la fournaise de ses feux
Pour mieux brûler les certitudes
Qu’elle fit naître au coeur des gueux
Les mots puissance quatre pour dire
Nous interpellent et s’entrechoquent
Faut-il pleurer ou bien sourire
Lorsque le dessin interloque
Les uns et l’autre sont des messages
Qui se dévoilent complémentaires
Dans le creuset de ces passages
Qui vont de l’aube au grabataire
Accroché entre vie et mort
L’être se tient en suspension
Quand son destin vire de bord
Au “Chemin de résurrection”
DESTIN
A peine sorti du port nous voilà naufragés
Ballotés par les flots nous connaissons la peur
Les affres de la mort secouent notre torpeur
Nous voulions naviguer nous voilà submergés
La vie est une furie qu’il nous faut partager
D’épaves en épaves dominer notre frayeur
Pour repousser l’issue d’une fin avant l’heure
Nos mains cherchent l’appui qu’il nous faudrait trouver
L’amitié en recours nous sauverait peut-être
Mais elle trop souvent à l’image de l’être
Versatile et fuyant quand on le sollicite
Il nous faut s’accepter purs produits du destin
Il domine nos vies car ce qui est licite
N’émane que de lui nous sommes ses pantins
DOUTE
Ses sabots sont de corne
Ses cheveux sont de crin
Il n’est pas le bourrin
A se croire licorne
C’est un cheval honnête
Zélé dur à la tâche
Qui trime sans relâche
Certains le disent bête
Il se veut consciencieux
Et gagner son avoine
Comme l’a dit le moine
Pour survivre dans les cieux
Il glissera sans combat
Sur un flot de prière
Pour gagner la lumière
Quand tombera son bât
Je le chevaucherai
En folles galopades
Saccadées de ruades
Si le moine a dit vrai
Les Ritaliens
Migrants puis émigrants, les enfants du pays
Ont porté leur savoir bien plus qu’ils n’ont reçu
Nul ne peut ressentir le mal qu’ils ont vécu
Tant fut déchirement l’exode à la Gondi
En quittant la maison ils jouaient le soleil
Contre un peu de chaleur auprès de Saint Martin
Onguent générateur par lequel en chemin
Plus d’un se fit piéger l’amour faisant merveille
Il se fait qu’aujourd’hui nous vivons bien ensemble
Ode aux rimes en « i » désormais de « chez-nous »
L’amalgame s’est fait sans drames ni remous
Oublier certes pas, le vécu nous assemble
A Francesco Tigli
Qui a sublimé de façon éclatante, par son œuvre, le message de « Les Ritaliens » (acrostiche de Montecopiolo, ville italienne, jumelée à Mont Saint Martin)
ENFIN ME VOILA VIEUX
Enfin me voila vieux j’ai gagné la sagesse
Je ne dois plus vouloir mais souffrir l’odyssée
Mes beaux espoirs d’hier s’en trouvent dépassés
Les bras ne suivent plus la tête est en détresse
Le grand chambardement s’est produit je confesse
Sans alarmes aucunes durant les ans passés
Insidieusement le mal a surpassé
L’enthousiasme fougueux qui sied à la jeunesse
J’ai gagné ai-je dit le droit de sermonner
Chacun saluant bas mon crane couronné
Se devrait d’encenser l’aura de mon savoir
Se targuer de l’acquis aiderait à mourir
S’il n’était avéré par expérience notoire
Que nul ne vit sa vie et ne fait que subir
Embarquement immédiat
L’esprit soumet le fer la main dompte la roche
L’un et l’autre soudés alliés et solidaires
Chantent le ressenti en transes lapidaires
Le message conçu à l’instant nous accroche
Les mots ne comptent plus pour qui suit cette approche
Ils se font tout petits, rallient l’abécédaire
Leur présence en ces lieux s’avère secondaire
Ils ne nous diront rien si l’âme s’en décroche
L’artiste dans son débat nous offre le support
Nous écrirons ensemble l’histoire de ce port
Où viendront accoster l’humain et la raison
Pourquoi dresser des murs nous n’avons qu’une terre
Ouvrons-là toute grande elle sera la maison
Qui verra nos enfants embarquer pour Cythère
En souvenir de cette soirée du 24 Février de l’an de grâce 2001
où nous étions conviés à fêter
le soi-disant cinquantenaire de mon Ami Sylvain
Et si c’était pas vrai !
Et si c’était pas vrai, qu’il n’ait pas cinquante ans
Qu’il nous ait fourvoyés pour mieux faire la fête
Oserions nous lui dire “c’est assez...je m’arrête”
Laissons là le D.J ce suppôt de Satan
Agir de la sorte serait désobligeant
Nous savons que l’enfant qui nous a fait requête
Ne grandira jamais....Sa tête est ainsi faite
Il ne saurait mûrir dans le monde des “grands”
Il garde dans son coeur les rêves que nous avons
Ils vivent dans ses yeux comme autant d’illusions
Mais que celles-ci sont belles quand elles sont partagées
Sylvain merci, merci... demeure nous fidèle
Demain viendra le soir nous serons trop âgés
Pour chanter avec toi “Dieu que la vie est belle !”
GABY
La chance quelquefois bannit le bon apôtre
Elle nous offre le pain au lieu de la gabelle
Nos vies interférant la ligne parallèle
Rien ne se fait chez l’un sans réforme chez l’autre
Gaby est bien chez nous son temps est plus que nôtre
Il fournit à nos jours l’assise parentèle
Son sourire engageant à titre de tutelle
Est de ceux qui vaudraient plus d’ une patenôtre
Qu’il demeure son entier et qu’en rien n’évolue
Nous sommes ses enfants nous lui sommes dévolus
L’aveugle a son bâton le marin sa boussole
L’avion tutoie l’étoile comme font les oiseaux
Nous retrouvons nos ailes quand sa main nous console
Qu’il demeure à jamais auprès de nos berceaux
HANDICAPIED (il peint avec ses pieds)
A grands coups de crayon à grands coups de vouloir
Il trace sur la toile l’humeur de son esprit
Il traduira les choses dont son cœur est épris
Il décrira l’amour l’ennui le désespoir
Il se veut le vecteur de cette trajectoire
Qui projette le soleil sur l’obstacle du gris
Provoquer cet ombre d’où vient le mistigri
Qui redonne à chacun la couleur de l’espoir
Il se sait bien petit, Picasso et les autres
Au talent que l’on sait se sont faits les apôtres
D'Interrogations nues en forme d’arabesque
L’âme avait une main un chevalet trois pieds
Ce que la main griffait, il l’affine presque
Puisqu’il tient son pinceau entre deux doigts de pied
INCESTE
L’instant est au présent
Parfois à l’émotion
La minute au silence
Ou requiert l’attention
L’heure est aux regrets
Ou bien à la vengeance
Notre temps se perd
Dans le lit des siècles
Les jours sèment des semaines (les jours s'aiment des semaines)
Les mois sont fils d’années (les mois sont fils damnés)
J’AIMERAIS TANT RÊVER
J’aimerais tant rêver de ce rêve palpable
De celui qui n’est plus puisque réalité
Il paraît chaque jour comme futilité
Dans le rire de l’enfant, insouciant, adorable
Oui j’aimerais rêver cet instant périssable
Il échappe au commun qui vit désenchanté
Dans le gris et les jours d’une vie déjantée
Elle n’est autre que mienne sans être méprisable
J’ai perdu le bonheur à vouloir l’ineffable
L’accessible suffit au plus désargenté
Pourquoi demander plus pourquoi se surmonter
Pourquoi vouloir singer le crapaud de la fable
L’humain est ainsi fait que loin du raisonnable
Il projette son cœur vers les lieux enchantés
Au pays d’Utopie qu’il croit réinventer
Mais larme n’est que d’eau et château que de sable
J’aimerais tant rêver d’un bonheur périssable !
LA TERRE EST UN GRAND LIT
La terre est un grand lit où nous allons dormir
Car nous rentrons au port harassés et fourbus
D’avoir tant bourlingué dans le monde d’Ubu
Cet ultime accostage ne nous fait pas frémir
Pourquoi se lamenter rien ne sert de gémir
Inexorablement nous nous savions perdus
La comédie finie nous la quittons vaincus
Nous ne regrettons rien il est temps de partir
Si nous trouvons plus loin l’Eldorado promis
Ce naufrage annoncé auquel nous sommes soumis
Paradoxalement armera nos navires
Poursuivant la quête issue de nos chimères
Nous reprendrons la course sur l’huile de la mer
Dans un autre hémisphère pour enfin l’assouvir
LA VIE EST LA
Lorsque les vents contraires en putrides rafales
Assaillent de pourquoi nos pauvres cœurs perclus
Ils battent la chamade de l’assiégé vaincu
Et se retrouvent nus où la vague s’affale
Meurtris et pantelants sous l’horrible cabale
Où s’agitent nos peurs et les rêves perdus
Nous souhaitons la mort, qu’elle nous soit dévolue
Pour qu’ailleurs nous vivions éloignés du dédale
Pourtant la vie est là puisque nous en mourons
Il nous reste l’espoir qui nous fera moisson
Des blés de souvenirs glanés dans nos mémoires
Rien n’est jamais perdu car tout se reconstruit
Les ruines du vécu sont autant d’exutoires
Aux chimères du jour qui hanteraient nos nuits
LAISSONS VENIR JANVIER
Derniers jours à venir avant le grand départ
Il nous reste le goût d’inachevé flagrant
Car nous fûmes trop las devant chantier si grand
Nos cœurs n’en peuvent plus et il se fait bien tard
Pour un monde nouveau il faut le temps et l’art
L’art attendu demain du temps sera garant
Nous vivons les prémices de bonheurs immigrants
Laissons venir janvier décembre est un bâtard
Nous voguerons alors sans repos ni répit
Vers cette ère nouvelle qui fut notre dépit
Forçant la destinée nous en ferons l’amante
Qui comblera nos vœux bien plus que de raison
Nos enfants connaîtront la forêt parturiente
Qui engendre le miel en toutes les saisons
L’AMI S’EN EST ALLÉ
L’Ami s’en est allé au néant de l’au-delà
Il a mis dans son sac nos cœurs de vieux soldats
Pour mieux se souvenir de ces djebels poudreux
De nos jeunesses mortes de ces jours malheureux
Où nous portions fusils grenades et bazookas
Sous le harnais kaki casque lourd ou gurkha
Où il fallait tuer pour remplir le devoir
Du lambda citoyen puni sans le savoir
D’avoir connu son Père sur la terre de France
De mériter par là mille et une souffrances.
Toi l’Ami qui t’en vas ne crains rien nous saurons
Redire à ceux qui viennent ne soyez pas moutons
Les hommes sont tous frères c’est bien là l’évidence
Luttez pour que la Paix soit le lot de la France
LE NAVIRE EST A QUAI
Le navire est à quai les voiles affalées
Des rêves de demain nourrissent l’impatience
Qui prélude au départ de toute transhumance
Nous quitterons ce port poussés par l’Alyzée
Pour aller tout là-bas où il nous faut aller
Nous sommes de ces lits où naissent les licences
Rien ne saurait freiner l’intraitable exigence
Que nous vaut notre sang, exit le pis-aller
La réussite est due a l’homme en devenir
Le mortel de passage se doit de bien accomplir
La tâche dévolue à chacun d’entre-nous
Nos désirs d’aujourd’hui ne sont que des chimères
Après bien des efforts nous plierons le genou
Pour rentrer dans le rang de la Vie qui nous gère
LE PORT
Étonnes d’être là nous arrivons au port
Portés par notre élan nous délaissons la rame
Quels furent nos « waterloo » nos triomphants « wagram »
Dans ces années passées à rêver de trésors
L’embrun les a noyés dans le flou du décor
Ils rouillent sans éclat au tréfonds de nos âmes
Nos soleils se délavent sous un crachin infâme
Nos nuits se font plus noires le temps détruit nos corps
Plus de creux abyssaux plus de crêtes aux vagues
Les flots encalminés se perdent dans le vague
Le passé flamboyant s’embrume sur la rive
Les voiles affalées les vergues sont en croix
Nous ne partirons plus sans risquer la dérive
Nous resterons à quai à humer le suroît
LE QUIDAM
Un piéton piétonant
Piétonait en piétinant
Ce faisant ce piéton piétinait
Les pieds piétinants
D’autres piétons
Qui comme lui piétonaient
En piétinant
Et tous ces pieds se piétinaient
Il y a tant de pieds
Sur la voie piétonne
De la vie
Que les pieds d’un piéton
N’intéresse plus personne !
LE SUICIDE
Aurions-nous pu en son temps l’aimer d’avantage ?
Horrible la question reste là suspendue
Le doute s’insinue dans nos cœurs éperdus
La vie est un fardeau qu’en tous cas l’on partage
Qui en a pris le plus ? S’est battu sous l’orage ?
Est-ce lui la corde ? Est-ce nous le pendu ?
Regret n’a plus de temps ou son temps s’est perdu
Au fil des jours vécus dans l’aura du courage
Sans oublier jamais l’ami qui nous est cher
Acceptons nous “humains” ne faisons pas d’enchères
L’avenir est pressant vivons le au présent
A qui dira un jour lorsque nous serons morts
Qu’il eut pu nous aimer et nous en faire présent
Ouvrons nos bras en croix, qu’il n’ait pas de remords
LE TAMBOUR
Mon cœur est un tambour qui vibre à l’infini
Sous les baguettes versatiles de la vie
Quand elles se font brindilles et sautillent
En mille farandoles folles où fourmillent
Cavalcades, galopades et roulades
L’enfant est là, à nous la rigolade!
Puis elles caressent ma peau et glissent
Affleurements émoustillants sous ma pelisse.
Quelque chose me chante à l’oreille
Que mon bel Amour n’a pas sommeil.
Elles deviennent bâton, gourdin d’ébène
Frappent durement, cognent, assènent
La tête me tourne sous leurs boutoirs
La mort est à ma porte, au fond du couloir!
Enfant, amant, mourant et ran-tan-plan
Raisonne mon tambour encore longtemps
Demain je te promets ce sera fête
Pour t’accompagner, t’auras une trompette !
L’EGLISE
(Vieille Eglise Mont Saint Martin)
Comme un “L” couché
Haut perché pour trôner
Désuète mais sûre d’elle
Elle irrigue de ruelles
Noueuses comme des racines
Que l’eau du ciel ravine
Sa voisine de l’an mil
Que l’on dit vieille ville
Mille ans c’est un printemps
Pourvu qu’on ait le temps
Et l’atavisme humain
Qui lie hier à demain
Elle est là rassurante
Pour tous ceux qui la hantent
Qu’est-ce que l’éternité ?
Quelques pierres empilées
Chacun de nous en est une
Unissons les une à une
Sauvons la vieille église
Et qu’après nous l’on dise
Comme un “L” couché
Haut perché pour trôner
Désuète mais sûre d’elle...
L’ENFANT
Un enfant c’est deux grands yeux interrogateurs
Qui vous fouille l’âme et vous vrillent le cœur
Le regard innocent scrute nos visages
Il cherche l’espérance à défaut d’assurance
La crainte nous saisit conscients de renvoyer l’image
De nos rêves perdus, d’une vie de souffrance
Honteux d’avoir manqué mille occasions
D’être heureux tout simplement et sans concessions
Avons-nous en grandissant oublié l’essentiel ?
A quel carrefour avons nous perdu notre ciel ?
Les yeux de l’enfant posent la question
L’adulte effrayé demeure sans réponse
Baisse la tête et plein de confusion
S’en va vivre parmi les maudites ronces
Qu’il a semé se croyant plus fort qu’elles
Au long d’une vie qu’il voulait plus belle.
LES BUVARDS DE MADAME FRANMI
(Écrivain belge amie)
Vos satanés buvards
Sont de sacrés bavards
Ils pompent le savoir
Assèchent le grimoire
Puis disent à l’envers
Et la prose et le vers
Ils sont comme ces gens
Au quotient indigent
Qui cul par dessus tête
Après maintes goguettes
Bavent la parodie
De ce qu’on leur a dit
En inversant le rôle
Du maton de la geôle
Oui ma chère Madame
Je dis et je proclame
Vos satanés buvards
Sont de sacrés bavards
Et s’ils n’étaient de vous
Je les mettrais au clou
Le texte qui suit a trait à la disparition de la Sidérurgie à Longwy. C'est ce texte, en résonance avec les événements fortement ressentis par la population, qui a été à la base de ma "notoriété" locale.
Le "Belvédère" domine la vallée de la Chiers (Rivière longovicienne) d'où l'on surplombait la majeur partie des usines du secteur.
BELVÉDÈRE
Belvédère ô Belvédère
Posé aux bords amers
Des gorges de la Chiers
Il était des nuits de fleurs rouges
Dont les pétales arrachés
Griffaient le ciel sur fond de fumées.
Il était des nuits de fleurs rouges
De fleurs jaunes, bleues, vertes et mauves
Jetées aux nues de couleur fauve.
Te souviens-tu des terres rouges ?
Belvédère ô Belvédère
L’humain forgeait de ses mains
Le fer devenait pain
Orange sur Herserange
Bleu de suie sur Longwy
Rouge, ocre, orange aussi
C’était beau, c’était étrange
Les flammes léchaient le ciel
La coulée pareille au miel
Virait du jaune au caramel.
Impression de puissance
Dominer la matière
Ce vieux rêve d’hier
Était à sa naissance !
Dieux et diables alliés
N’auraient pu empêcher
L’alchimie de se réaliser
Quel vent venu d’ailleurs
Nous joue ce vilain tour
Nos cornues tour à tour
S’éteignent et meurent.
Belvédère ô Belvédère
A tes pieds y’avait l’enfer
Et ses foyers plein feu
Nourrissaient nos vieux
Bon Dieu... y’avait le diable !
Y’avait le Bon Dieu, que diable !
Y’a plus d’foyers ni d’feux
Y’a plus d’diable Bon dieu
Y’a plus d’foyers ni d’feux
Y’a plus rien à voir
Qu’un grand trou noir
LONGUE VIE
Alors que rouille le fer
Dans le lit de la Chiers
Avec passion et sans bruit
Au plus profond de sa nuit
Tout feu tout flamme Longwy
Fait l’amour à la vie
LONGWY RÉVEIL
De jour en nuit
De nuit en jour
Ainsi le temps court
L’ombre s’évanouit
Revient le soleil
S’ouvre la fleur
S’estompe la peur
C’est Longwy réveil
LORSQUE JE SERAI GRAND
Le hunier déployé culmine la mature
Par dessus la grand voile il annonce à la ronde
Que nul n’arrêtera cette course féconde
Sans bagage ni maison je vivrai l’aventure
Dominant l’élément avec désinvolture
Lorsque je serai grand j’irai de par le monde
Je reviendrai paré des trésors de Golconde
Douter de mon destin serait une imposture
Les anciens ont bien tort de craindre l’avenir
Qu’ils gardent leurs conseils je suis en devenir
Rien n’est plus comme avant, l’acquit rédhibitoire
Je connais mon destin pour l’avoir tant rêvé
L’océan est petit pour un cœur éprouvé
Je ne subirai pas j’inventerai l’Histoire
MA VILLE EST UN CREUSET
Ma Ville est un creuset bouillonnant de cultures
Dans le feu de la vie se mêle et s’entremêle
Des foyers pleins d’enfants qui consument pèle-mêle
Des jours sempiternels sorte d’appogiature
Ils rêvent d’avenir et forgent l’aventure
Qui refera le monde en coulées d’étincelles
Quand chacun aura su briser son escarcelle
Pour fondre les deniers qu’il tient de la nature
Nous revivrons alors comme au temps des usines
L’alchimique fusion émouvante gésine
De l’âme du pays qu’elles exhalaient aux nues
Les scories du passé cesseront d’entraver
Les flots impétueux aux gueules des cornues
Phénix des temps nouveaux l’humain sera sauvé
A mon premier arrière petit-fils né le 1er août 2007
MATHEO
M e voilà esbaudi de me retrouver là
A u fond de ton berceau tu dors à poings fermés
T andis que dans mon cœur s’éveillent des pensées
H ors du temps qui s’écoule fuyant vers l’au-delà
E lles t’accompagneront quand je serai parti
O ccultant mon absence…Tu seras grand petit !
NAISSANCE
Porté par le néant aux confins de la vie
Ébahi naufragé j’aborde le rivage
D’une terre inconnue où tout n’est que mirage
Rien n’est vrai tout est faux là où l’homme sévit
C’est vrai qu’en ce ballet des nymphes en survie
Offrent l’éternité à qui tourne la page
Du grand livre où s’écrit l’avenir du veuvage
Il n’en restera rien qu’un désir assouvi
Rien qui puisse donner un sens à notre attente
Rien qui puisse assurer la réponse latente
A la question posée depuis la nuit des temps
Qu’est-ce donc le bonheur ? où s’inscrit son essence ?
Si c’est au quotidien qu’il se fait envoûtant
Nous devrons le trouver dans une autre naissance
NE CHERCHE PAS LA FAUTE
J’ai repris mon crayon et d’un geste rageur
j’ai biffé cet intrus fruit de mon ignorance
Je ne l’avais point vu mais il mettait en transes
Les mordus du “Robert” censeurs et verbiageurs
Ce “s” était de trop il les laissait songeurs
Rien ne pouvait sauver pas même une licence
Cet écrit blasphémant les valeurs de la France
L’auteur n’avait rien dit c’était un égorgeur
Laisse parler ton cœur ne cherche pas la faute
Si tu la trouves la dans cet accent que j’ôte
Jamais tu ne sauras que ce “là” dégradé
Est note de musique la première d’un chant
Que je voudrais très doux aux gorges dénudées
De l’enfance trahie par l’homme et ses penchants
A notre fille Virginie
NE PARLEZ PAS D'AMOUR
Ne parlez pas d’amour si vous parlez de sang
Le cœur n’évolue pas sur ce simple critère
L’enfant de notre corps jamais ne fera taire
L’émotion ressentie pour un autre innocent
L’un et l’autre fragiles s’avèrent attendrissants
La détresse étalait ses relents grabataires
Nos bras se sont ouverts et furent salutaires
Le foyer s’agrandit au bébé vagissant
Voici venu le temps de sonder notre vie
Détailler le bilan peut susciter l’envie
Deux filles et deux garçons poursuivront notre route
Nous partirons heureux d’avoir vécu si bien
Malgré quelques tempêtes traversées dans le doute
Nous nous savons aimés c’est le plus beau des liens
Ecrit pour M. DESSI à l’occasion
de ses 50 ans de mariage
NOCES D’OR
Te souviens-tu d’hier il y a cinquante ans
L’usine était jalouse du feu de nos amours
Je te pris pour épouse en murmurant toujours
“La Chiers” a succombé comme neige au printemps
L’orgueil de ses foyers n’engendra que néant
Le brûlot de nos cœurs se moque bien des jours
Sur un lit de scories j’ôterais tes atours
Pour t’offrir à nouveau le sourire d’un enfant
Le temps n’a pas de prise sur ce qui est à nous
Nos joies et nos peines je les prends à genoux
A l’aune du vécu comme autant de richesses
Savoir qu’elles sont à toi et me sont partagées
M’inspire le respect que l’on doit aux largesses
Car rien n’est à refaire et rien n’est à changer
La disparition de la sidérurgie à Longwy a laissé des traces
PHASE LIQUIDE
La phrase explose en images
De désespoir et de rage
C’était en soixante dix neuf
En quatre vingt sept quoi de neuf ?
On restructure on liquide
Jusqu’à l’ultime phase liquide
Sur le crassier arasé l’ex O.S.
Ne hurle plus son S.O.S.
Le temps a mis l’étouffoir
Sur les flammes de l’espoir
griffonné à THIL (Meurthe et Moselle) seul camp de concentration des zones occupées
PHOTOS JAUNIES
Ombres écorchées, ciel de pluie
Pauvres hères éreintés sous la botte nazie
Que la honte est lourde à vous voir défiler
Vers on ne sait quoi ... pour on ne sait où !
Photos jaunies du temps passé
Ne taisez rien, dites nous tout
Crachez à la face du monde l’abjecte vérité
Nos Pères ont pêché par où nous pêchons !
demain nos enfants rougiront
Vigilance ! La bête est prête à mordre
Au nom du droit au nom de l’ordre
droit arrogé
Ordre imposé
Que reste-t-il
De ces décharnés en haillons
De ces filles de ces garçons ?
Il reste THIL
Et ses leçons
LE REVE EST UN TREMPLIN
Le rêve est un tremplin, l’utopie une force
Présumer du premier met l’autre en perspective
L’impossible d’hier devient la directive
L’objectif est en vue pourvu que l’on s’efforce
S’y tenir sans faiblir devrait être l’amorce
Du monde souhaité de manière intuitive
Il serait dénué de toute invective
L’humain sera l’élu si l’on gratte l’écorce
Faut-il désespérer quand tout semble perdu
Quand le faible trépasse sans être défendu
Quand l’Ukraine s’écroule dans le fracas des armes
Si nous restons sans voix devant tant de carnages
Il ne restera rien que le sang et les larmes
De nos amis perdus, ce serait bien dommage
PIERRE
J’aimerais tant parfois lui tisser des couronnes
Pour lui dire à quel point tout chez lui me rassure
Il ne comprendrait pas imposerait censure
Au flot de mes pensées pour qu’enfin j’abandonne
Il ne demande rien ne sait pas ce qu’il donne
Sa présence pourtant apaise mes blessures
Il est baume, il est onguent, guérît les meurtrissures
J’en abuse à souhait que le ciel me pardonne
Quel est-il celui là que j’encense en ces vers ?
Est - il d’ici de là du bout de l’univers
Ou des quelques contrées vierges du mauvais
Je grave sur la pierre son nom et je le crie
Par delà les monts les chemins où je vais
L’ami est plus qu’ un frère et Pierre est mon Ami
ILS SE SONT BIEN BATTUS
La raison du plus fort est toujours la meilleure
Lafontaine en son temps disait la vérité
Aujourd’hui comme hier ce fait est attesté
La force est un levier qui se joue des valeurs
Le monde est dans la main des quelques prédateurs
Suppôts d’Hiroshima de façon éhontée.
Ils pillent les nations qui ne sont pas dotées
De l’arme nucléaire synonyme de terreur
Et la curée se fait devant nos yeux fermés
Ce qui se passe à Kiev devrait nous alarmer
Nous en sommes attristés, mais la crainte nous glace
Ils se sont bien battus et ils avaient raison
Ils ont été trahis et nous quittons la place
Nous dormons bien chez nous, ils n’ont plus de maison
PLEURER
Pleurer ne sert à rien
Mais cela fait du bien
Une larme qui s’évade
Chaude comme l’accolade
Dans son sillon emporte
Le fiel de l’amour morte
Demeure la cicatrice
Muette cantatrice
Sur la scène dérisoire
D’une pantomime noire
Où flotte encore suspendue
Cette chimère perdue
Pleurer ne sert à rien
Mais cela fait du bien
QUAND JE PARTIRAI
Quand je partirai
Sur le chemin des ombres
Que m’endormirai
Doucement à l’ombre
De mes souvenirs
Survivra ce soleil
Qui nous faisait rire
Cet amour sans pareil
Fait des mille choses
Qui composent la vie
Et fait voir en rose
Tout ce qui est gris
Quand je partirai
Pour ne plus revenir
Sous les verts cyprès
L’éternité finir
A six pieds sous terre
Dans l’argile divine
Embrasserai mon père
Reprendrai racine
Pour que bientôt s’élève
Dessus mon carré
Un arbre plein de sève
Où viendront jouer
Le soleil et l’ombre
En contraste joyeux
Et nicher en nombre
Les oiseaux et les gueux
RÊVES ÉCLATÉS
Que de rêves éclatés
Finissent au feu des réalités
Et seuls se consument en cauchemars
Dans la cendre d’un plumard
Ô que ne demeurez vous
Belle dame jeune fille loin de nous
Car la pelure c’est la beauté du fruit
Conservez en l’usufruit
Qu’enfin nos dents acérées
Mordillent la pulpe tant désirée
Qui du chemisier orne l’échancrure
Sans connaître de vos corps la déchirure
De grâce faites en sorte
Que si vos penchants en ouvrent la porte
L’idéal devienne réalité
Pour notre félicité
RIMES NOIRES
Nos cœurs sont en sursis ils battent sans espoir
L’instant est décompté sur le vivant grimoire
On le croyait joyeux il est prémonitoire
De la fin annoncée d’un séjour dérisoire
Que la surprise est grande quand arrive le soir
Le crépuscule sombre se fait encore plus noir
Le bonheur en trompe-l’oeil se découvre illusoire
Le piège s’est refermé sur notre désespoir
La vie nous a bernés pour mieux nous laisser choir
Nous en sortons meurtris poussés vers l’avaloir
Nous avons travaillé à son unique gloire
Car elle continue après le pourrissoir
SAISONS ... TOURBILLON
L’hiver a déchiré
Son manteau d’hermine
A la corne du bois
Laissant à son orée
Des pans de ouatine
Où souffle encore le froid
Déjà dans les fourrés
L’oiseau à pleine poitrine
Fête le nouveau roi.
Printemps est annoncé
Terminée la famine !
Un ver pour toi, deux pour moi
Faisons bombance l’été
A bas les grises mines
L’automne c’est dans six mois...
L’hiver est arrivé
Dans son manteau d’hermine
La neige couvre les bois
L’oiseau s’y est caché
Il est d’humeur chagrine
Oh ! Mon dieu qu’il fait froid !
Il a les pattes gelées
Sous ses plumes il fulmine
Y’en a bien pour trois mois !
L’oiseau sais compter
Trois longs mois sans cantine
Reste neuf sur douze ma foi
Il se remit à siffler
Au fond de ses narines
Chantait déjà Printemps Roi !
SERAIS-JE INCONVENANT ?
Je prendrai sur vos corps le soleil du passé
Vos lèvres me diront tous les mots les non-dits
Je trouverai vos pas dans des lieux interdits
Vous mes ancêtres beaux à jamais trépassés
Me consolerez-vous de ma vie compassée
Oserez-vous me dire qu’il n’est aucun crédit
A l’humain dérisoire plus blâmé que maudit
Je suis à ce jour privé de panacée
Je hère dans la nuit qui fut vôtre en son temps
Pourquoi ne venez-vous m’offrir comme présent
La science d’un vécu subit comme le mien
Je finirai aussi par laisser aux venants
Un thème sans réponse aux relents kafkaïen
Et c’est là mon remord serais-je inconvenant
SI J’AVAIS UNE ÉPONGE
Si j’avais une éponge
Pour essuyer les pleurs
des visages enfantins
Le pays du mensonge
Se couvrirait de fleurs
Chassant l’ivraie du jardin
Or mon cœur chiffonné
Saturé de douleur
S’enferme dans son rêve
Et n’ose plus s’épancher
Pour noyer le malheur
De ceux que la vie crève
Au pays de mes songes
Il pousserait des fleurs
Si j’avais une éponge
Pour essuyer les pleurs
SI UN JOUR TU REVIENS
Si un jour tu reviens de ton trop long voyage
Tu trouveras chez nous ce que tu as cherché
Pourtant rien n’a changé depuis ta dénichée
Le ciel est toujours gris le soleil en naufrage
Au fin fond de ta vie s’estompe le mirage
Qui te fit t’en aller loin du vieux clocher
L’idéal t’attendait sûr d’être déniché
Du moins le croyais-tu quand tu fis ton bagage
Dans notre maisonnée le partage est de mise
Rien ne manque au festin de la terre promise
Nous savons le trouver dans le commun des jours
Nous n’attendons que toi pour entonner en chœur
Le chant des gens heureux vibrant comme l’amour
Tu oublieras ton bât et tes peines de cœur
A Claude Hervieu
SOIXANTE ANS
Lorsque je serai vieux je veux me souvenir
De cet âge béni où j’avais soixante ans
Comme d’un point de repère sur nos vies à venir
Car j’éprouve aujourd’hui l’ivresse du printemps
C’est un nouveau début qu’il me faut assumer
La jeunesse s’est enfuie bouffée par les années
Mais le coeur est bien là prêt à recommencer
Car vois-tu mon Amour ma très tendre épousée
Tout comme au premier jour ta main guide mon pas
J’ai gardé pour toi l’adolescente ardeur
Chaque jour chaque nuit , à l’heure du trépas
Je chanterai ton corps sans craindre l’impudeur
Et vous mes bons Amis savez-vous que vous êtes
Ma seconde famille l’ élixir de jouvence
Qui fait qu’il vous faudra longtemps subir ma tête
Ne vous en plaignez pas gardez moi cette chance
Et puis je vais vous dire pour terminer gaiement
Si une fois vingt ans c’est être jeune et beau
Une vie devant soi plus l’ardeur du taureau
Je suis un homme heureux d’avoir trois fois vingt ans
Putain de Guerre d'Algérie!
SOUVENIRS
De vagues souvenirs insinuent ma mémoire
Promiscuité du camp saturé de bidasses
Hébétés et perdus noyés dans la vinasse
Qui leur était servie en guise d’assommoir
Et puis voici le quai, le bateau fils des Moires
Où nous étions poussés comme poissons en nasse
Au tréfonds de la cale sans même une paillasse
L’aventure commençait sous forme de grimoire
Quelle en était la trame qui devions-nous servir ?
Quand le doute s’installe la conscience chavire
Le devoir citoyen est-il obligation ?
A en croire certains il fallait déserter
D’autres censeurs innés blâment la transgression
Personne ne nous rendra nos années dévastées
SOUVENIRS D’ALGERIE
“A mon copain Lebras”
Frère d’armes, frère de sang, frère de larmes
Pauvre frère tombé
Outre Méditerranée
Les larmes de ta Mère
Ont le même goût amer
Que celles de nos Grand-mères
Pleurant nos Pères.
Même si ta Fiancée
A pu t’oublier
Elle aussi a pleuré.
Que de sang, que de larmes
Pauvre frère de larmes.
Pour qui ?... Pour quoi ?
Tes armes servaient à quoi ?
Dans cette fichue galère
Tu enviais nos pères
Qui avec Fellahs et Berbères
Avaient fait les autres guerres.
Ils s’étaient battus pour la Liberté
Dans ton esprit un doute avait germé
Étais-tu là pour défendre ou opprimer ?
Trente ans après la question reste posée.
Il n’existe pas de belles guerres
Les hommes sont tous frères
Ton frère t’a tué c’est absurdité.
Pauvre frère tombé que je ne veux oublier
Il y en a qui, malheureusement, vivent comme cela
SUR DEUX ROUES
Le bonheur est la-haut, il doit le conquérir
Le chemin caillouteux imprimant son ballant
La machine « tanguote », ahane son élan
Sous l’épuisant effort l’obligeant à gravir
Le dos lui fait bien mal mais c’est un élixir
L’homme en oublie ses mains et le soleil brûlant
Se hisser jusqu’au haut, parvenir pantelant
Aux cimes des sommets dont il faut s’affranchir !
Il n’en cherche pas gloire s’en tient à sa méthode
Serait-il inférieur, simple gastéropode
S’il vivait sur deux pieds il serait à vélo !
Avec ses yeux pour voir, son cœur pour comprendre
Il ne refuse rien n’émet aucun veto
La vie telle qu’elle est est toujours bonne à prendre
TANT QU'UN SOUFFLE
Tant qu’un souffle de vie brûlera mes lèvres
Tant qu’au fond de mon cœur survivra le rêve
Je t’aimerai
Tant que mes yeux liront au grand livre du temps
que les amours mortes renaissent au printemps
Je t’aimerai
Si dans d’autres bras je cherche apaisement
Si dans les élixirs je noie ce grand tourment
Je te reste attaché comme lierre au sarment
car
Tant qu’un souffle de vie.......
Tant que mes yeux liront......
Tant que les Amours mortes.......
Je t’aimerai
il y a des moments où l'émotion prime sur les règles. La rencontre avec un ami qui perd la vue est de ceux-là
TÉNÈBRES ILLUSIONS
Mon Ami... Mon Frère
Il est des lumières
que seul un œil mort
Peut voir encore
Découvres-tu aujourd’hui
Sous tes paupières de pluie
Ce que les nuages ont caché
De soleil à l’humanité!
Est-il plus beau paysage
Que ce ciel sauvage
Fait des rebellions
De zombis en haillons
Renversant à mains nues
L’héritage reçu
De mille ans d’esclavage ?
Découvres-tu le rivage
Par- delà les mers
Où les hommes se libèrent
Et cessent de se déchirer
Pour enfin dominer
Ce qui reste d’univers
Après ce damné enfer...
Un blanc et un noir
Mêlant leurs espoirs
Un rouge et un jaune
Sous la même icone
Faisant de leur mieux
Pour réaliser ton vœu
Que tout vivant ici-bas
Jouisse du même repas
Aux entrées... Amitié
Amour et probité
Comme plat de résistance
Deux doigts d’espérance
Et pour le dessert
La phobie de la guerre
Mon Ami.. Mon frère
Mes yeux grands ouverts
Ignorent tout cela
Nord ? Sud ? Même branle-bas
Sirènes et odeur de soufre
Misère est reine, l’enfant souffre
Familles échouées, foyers en rue
Ivre le père, mère battue
Guerres qui grondent et inondent
Sous flots de larmes ce monde
Immonde dégoulinant de sang...
Milliers de hères innocents
Accrochés, doigts crispés
Aux basques de tyrans bottés..
Plages noires gluantes, déglutition noirâtre
Pétrole puant... algues verdâtres
L’oiseau lyre s’empêtre de plus belle
Impuissant pleure sur son aile!...
Tes yeux se ferment Ami
Je veux fermer les miens aussi
Et clore le musée aux horreurs
Crois-moi ... l’homme se meurt
TOUT SERA BEAU
Demain tout sera beau demain tout sera grand
L’espoir tend notre vie vers cet ultime leurre
A force de vouloir et l’argent et le beurre
Nous humons les miasmes aux dépens du fragrant
Modestes et résolus retenons l’intégrant
Qui se nourrit du peu né de l’obscur labeur
Si l’Eden se soustrait c’est qu’il n’en est pas l’heure
Le voyage sera long admettons-nous migrants
Chacun des jours venants apportera son lot
De victoires menues ou de pâles brûlots
Pourtant visibles au loin pour guider le navire
En cette fin d’année formulons le serment
De poursuivre l’effort afin de bien servir
L’avenir de l’humain sans trop d’aveuglement
VIATIQUE
La raison serait-elle de biffer le passé
D’ignorer peines et joies et d’en donner quittance
Au bailleur de nos jours pourvoyeur d’existence
Pour sortir de la trame ce qui fut amassé
Notre vie s’y accroche pour mieux se surpasser
Faudrait-il oublier cette année en partance
Nous laisserons le choix à celui qui nous tance
Ces instants sont à nous pourquoi les délaisser
Nous garderons au cœur le sourire du berceau
Ainsi que le chagrin glané près d’un tombeau
L’un et l’autre sont purs pareils à l’eau de source
Dans les jours à venir ils se feront viatique
Nourrissant l’effort dans l’implacable course
Pour qu’elle soit moins souvent réduite au pathétique
LORSQUE JE SERAI GRAND
Le hunier déployé culmine la mature
Par dessus la grand voile il annonce à la ronde
Que nul n’arrêtera cette course féconde
Sans bagage ni maison je vivrai l’aventure
Dominant l’élément avec désinvolture
Lorsque je serai grand j’irai de par le monde
Je reviendrai paré des trésors de Golconde
Douter de mon destin serait une imposture
Les anciens ont bien tort de craindre l’avenir
Qu’ils gardent leurs conseils je suis en devenir
Rien n’est plus comme avant, l’acquit rédhibitoire
Je connais mon destin pour l’avoir tant rêvé
L’océan est petit pour un cœur éprouvé
Je ne subirai pas j’inventerai l’Histoire
LE CRI
Il faudra bien qu’un jour éreinté de querelles
L’homme se mette enfin à regarder en face
Au miroir du passé les méfaits de la race
S’accepter différents entrave les séquelles
Délayer les couleurs engendre l’aquarelle
Aux terrestres cimaises chacun trouve sa place
Est-ce trop demander que d’applaudir l’audace
L’artiste librement la ressent naturelle
Puisque sur sa palette avec amour il couche
Près d’un fleuve doré le rouge de sa bouche
Embrasant noir et blanc qui se teintent de gris
Vibrant à l’horizon il sera révélé
L’humain qui va naître sera le premier cri
D’un monde vagissant enfin renouvelé
En clin d'œil à Anne Blanchot Philippi et Serge Truba
LAISSEZ-NOUS QUELQUE TEMPS
A trop se souvenir nous vivons le passé
Mais qui donc d’entre nous oserait effacer
La vie de nos anciens dans l’antre des usines
Feux, fours, fer, fumées, nourrissent nos racines
Nous ne saurions vivre sans garder dans nos cœurs
L’embrasement du ciel l’odeur du soufre en fleur
Le crissement craquant des scories sous nos pas
Ou le chant des sirènes à l’heure des repas
Laissez-nous quelque temps nous portons les messages
D’autres temps révolus d’autres luttes sauvages
Où l’homme a combattu pour qu’au temps d’aujourd’hui
Subsiste encore l’espoir d’un soleil à minuit
L’AMI
J’aimerais tant parfois lui tisser des couronnes
Pour lui dire à quel point tout chez lui me rassure
Il ne comprendrait pas imposerait censure
Au flot de mes pensées pour qu’enfin j’abandonne
Il ne demande rien ne sait pas ce qu’il donne
Sa présence pourtant apaise mes blessures
Il est baume, il est onguent, guérît les meurtrissures
J’en abuse à souhait que le ciel me pardonne
Quel est-il celui-là que j’encense en ces vers ?
Est- il d’ici de là du bout de l’univers
Ou des quelques contrées vierges du mauvais
Je grave sur la pierre son nom et je le crie
Par-delà les monts les chemins où je vais
L’ami est plus qu’un frère et Pierre est mon Ami
LE TEMPS
Le temps c’est le présent mais c’est aussi demain
La fleur que l’on a vu déjà cesse de vivre
Les minutes s’en vont les heures sont ivres
L’horloge c’est le sable qui coule entre nos mains
Le temps est un méchant bandit de grands chemins
Il pille des amours plus beaux que dans les livres
Il donne le chagrin que l’instant nous délivre
Puis nous fait l’oublier dès le lendemain.
Le temps est un ami il soigne la blessure
De pauvres cœurs meurtris quand la vie les pressure
Pour mieux les mutiler au détour d’un espoir
Le temps n’existe plus c’est la vie qui déroule
Sa longue trame crue sur l’humain dérisoire
Qui n’a jamais compris la mort qui en découle
REQUIEM
Je ne pleurerai pas l’ami que j’ai perdu
Il a mis dans mon coeur et semé dans mes veines
Le grain du désespoir au lieu de la verveine
Je fuis son souvenir et je cours éperdu
Je veux cacher au loin la corde du pendu
Celle qu’il me faudrait pour oublier ma peine
Accepter qu’elle me soit sans amour et sans haine
Passée autour du cou pour l’avoir pourfendu
Il n’aimait point assez ou alors aimait trop
Pour comprendre l’autre et saisir à mi-mot
Qu’un orage suffit à tuer un ciel bleu
Fallait-il accepter qu’assombrissent le temps
D’autres nuages gris... fermer encore les yeux
Je m’y suis refusé la pluie tombe pourtant.
VIVRE
C’est beaucoup donner
Et quelquefois recevoir
AIMER
C’est beaucoup donner
Sans parfois recevoir
MOURIR
C’est ne rien recevoir
Quand on a tout donné
IL NOUS RESTE A ŒUVRER
Ne pourrons-nous jamais comprendre ce mystère
Pourquoi faut-il qu’un jour ils tirent révérence ?
Nous étions pourtant bien en toute connivence
Immuables recours ils étaient nos repères
Nos très chères Mamans nos Papas salutaires
S’en vont, nous savons où, préparer à l’avance
Un grand nid d’amour pour notre renaissance
Nous les retrouverons dans cet autre univers
Quand notre tour viendra nous pousserons la porte
De ce havre de paix où la vie nous emporte
Nous irons droit devant sans sextant ni boussole
Toujours à nos côtés malgré l’éloignement
Ils guideront nos pas vers l’espoir qui console
Il nous reste à œuvrer comme l’on fait nos parents
LE TEMPS EST UN PASSANT
Le temps est un passant qui invite à le suivre
On ne sait où il va sa course est vagabonde
Il nous traîne à ses pieds, les turpitudes abondent
Le passé est connu le présent est à vivre
Réussir aujourd’hui c’est le vœu qui enivre
Les heures et les nuits de l’humain en ce monde
Chacun à sa façon participe à la ronde
La peur serait un frein, vouloir nous en délivre
L’horizon en apogée stimule nos envies
L’idéal est là-bas et nous sera servi
Inaccessible but sans cesse repoussé
Il nous faut pour l’atteindre bien plus que du courage
S’appuyer sur nos rêves, ne pas les émousser
Souhaitons-nous cet élan qui fait croire au mirage
A Graziano (Août 2008) Le pauvre garçon s'est noyé à Rimini alors qu'il accompagnait des jeunes de Mont Saint Martin dans le cadre du jumelage avec Montecopiolo (Italie), il n'avait guère plus qu'une vingtaine d'années
LE RIDEAU EST TOMBE
Le rideau est tombé emporté par la mer
L’éphèbe pantelant chahuté par les flots
S’est brisé aux rochers comme gorge en sanglots
L’étoile à peine née disparaît éphémère
Rien ne fera fléchir pas même une prière
L’implacable destin qui libéra son lot
Nous ne danserons plus à Montecopiolo
Sans songer à l’artiste aux élans de lumière
Mais qui donc nous dira le pourquoi le comment
Comment croire en la vigne quand meurent les sarments
Pourquoi la vie s’éteint avant de commencer
Nous chercherons en vain au tréfonds de nous-mêmes
La foi qui nous fera admettre l’insensé
Acceptons-nous humains sans chercher le dilemme
L'ÂME ET LA RAISON
Les cendres du passé sont les feux de demain
Nous y trouvons l’échec et quelques réussites
De grands espoirs déçus que l’âme ressuscite
On la croyait vaincue elle vivra son chemin
Elle attise la braise de son souffle carmin
Qui insuffle la vie à ce qui est licite
Car quel que soit le temps que cela nécessite
Il faudra bien qu’un jour nous lui prenions la main
Nous trouverons alors la porte du succès
Celle qui ouvre les cœurs qui rejettent l’excès
L’ostracisme vaincu nous serons bien ensemble
Il nous faut pour cela convictions et courage
Cultiver la raison et tout ce qui rassemble
Un ciel bleu vient toujours lorsque cesse l’orage
PARIONS SUR LE RÊVE
Parions sur le rêve lui seul est constructif
Il stimule l'humeur quand la vague est au creux
Lorsque plus rien ne va que l'on se sent peureux
Il est notre bouée et nous rend positif
A bien y regarder il n'est pas exhaustif
D'affirmer qu'il est vain de vouloir être heureux
Cet idéal confirme le sort des amoureux
Qui trouvent l'essentiel dans l'attrait compulsif
L'année qui vient de naître est pucelle de tout
donnons-lui cette chance, offrons-lui cet atout
Il faudra cependant s'impliquer dans l'effort
LA VIE EST UN FESTIN
Savoir se retourner, savoir se souvenir !
Nous quittons le passé et tous ses aléas
Pour rêver d’un demain sorte d’alinéa
Sur la page des jours qui nous restent à courir
Le temps est à l’espoir construisons l’avenir
Face aux gravats d’hier ne soyons pas béats
Du tunnel de nos peurs allons jusqu’au méat
Nous y verrons l’issue qui nous fera grandir
Commençons par bien faire ce qui dépend de nous
Seul un destin cruel peut nous mettre à genoux
Les vœux de nos Amis n’y pourront rien changer
Année après année remettons le couvert
Le repas n’est fini que lorsqu’il est mangé
La vie est un festin la mort en est l’avers
MOIS (SON)
Après douze qui vont voici douze qui viennent
Seront-ils avenants ou cruels à nos cœurs ?
Serons-nous assez forts pour surmonter nos peurs
Et vivre pleinement, cela quoi qu’il advienne
Consulter le cristal ou la cartomancienne
Ne suffira jamais à soupeser les heures
Qui impriment au temps la suprême rigueur
Joies et peines mêlées à grands flots nous reviennent
L’espoir donne le ton en cette fin d’année
A la fuite des jours de notre destinée
Prenons le temps d’aimer malgré l’incertitude
La peur serait un frein, vouloir nous en délivre
Que l’audace devienne une noble habitude
Combattre nous grandit c’est écrit dans les livres
LIBERTÉ EST DE FRANCE
La honte nous saisit à regarder ceux-là
Qui bravant la tempête au plus creux de la vague
Refusèrent céans au mépris de la schlague
D’enterrer leur orgueil, de tomber en Scylla
Plutôt que de subir ils allèrent au delà
Usèrent du fusil du couteau de la dague
Pour repousser au loin les relents de landtag
Qu’imposait le nazi jusque dans leur cella
Que nous sommes petits auprès de ces géants
Leurs cœurs avaient l’audace que l’on prête aux enfants
Le rêve de nos Pères cendre sous la flamme
Nous les croyons couchés ce n’est qu’une apparence
Leurs pauvres corps meurtris comme autant d’oriflammes
Se dressent pour nous dire LIBERTÉ est de France
TOUT ET PRESQUE RIEN
Dans la fuite des jours l’aube viendra demain
L’espoir est renaissant quant revient la lumière
Oublions du passé les moments de misère
Ils ne seront pour nous qu’un pas sur le chemin
La route que l’on suit implique le destin
Il va on ne sait où, nos vies sont prisonnières
Nous devons cependant, obligation première
Nous forcer à vouloir, refuser le déclin
Rêvons d’un grand ciel bleu dénué de nuages
Allons jusqu’à trouver des fleurs dans nos bagages
Nous tenons dans nos mains beaucoup et presque rien
Hors ce rien qui est peu est déjà un beaucoup
Si nous lui donnons vie dans notre quotidien
C’est lui qui grandira pour accéder à tout
VOULOIR
Ainsi coule la vie, ainsi coule le temps
Chaque jour qui s'enfuit est perdu ou gagné
Pour celui qui subit l'inflexible odyssée
Le choix est en son camp le constat est patent
Nos défaites s'inscrivent dans ce flot déroutant
Ainsi que nos victoires gagnées ou dépassées
Vouloir est un atout aidant à surpasser
L'assaut des vents contraires au relent de néant
Vouloir le mot est dit et il nous interpelle
De l'énergie perdue il sonne le rappel
Pour surmonter le frein à notre réussite
A compter ses exploits chacun dans sa besace
Trouvera son bonheur ou encore sa faillite
La vie est un bilan le temps n'est qu'un espace
19 MARS 1962
Le temps n’efface rien il estompe l’image
Les armes se sont tues du moins l’espérions nous
Lorsque Mars et les siens tombèrent à genoux
Épuisés qu’ils étaient du conflit qui fit rage
Retrouvant la raison après tant de carnages
Ils aspiraient enfin à soutenir Vishnou
Qu’importe soit le dieu aucun n’était tabou
Nous quittions l’Algérie nous refermions la page
Cinquante ans sont passés la mémoire est vivace
Un certain dix-neuf mars lègue toujours sa trace
La guerre est une impasse d’où il faut bien sortir
Nul ne saura pourquoi celle-ci fut commencée
Chacun a son idée nul n’a la panacée
L’Histoire est ce qu’elle est, gommer serait mentir